Un homme et une femme. Ils se sont aimés, ils se sont déchirés, ils se sont quittés. Ils se retrouvent une dernière fois. Ils s’aiment sans doute à tout jamais. Duras nous le suggère, qui aura passé sa vie à aimer follement, à quitter, à être quittée, à vouloir quitter, à aimer dans l’impossibilité de le faire, à aimer toujours plus. Il n’y a de musique amoureuse que funèbre, de rengaine érotique qu’ironique : c’est la musica.
Les deux personnages de la pièce connaissent bien cette musique là. Dans le hall de l’hôtel d’Évreux où ils se croisent, alors qu’ils viennent tout juste de divorcer, ils se la fredonnent encore et encore. Musique et paroles. « Pourquoi parler » puisque tout est fini ? « Pourquoi ne pas parler » précisément parce que c’est fini ?… Mais la parole, comme la musique, n’est jamais innocente. Elle est toujours un risque.
Extrait de la préface d’Arnaud Rykner.
Vingt ans que j’entends les voix brisées de ce deuxième acte, défaites par la fatigue de la nuit blanche. Et qu’ils se tiennent toujours dans cette jeunesse du premier amour, effrayés
Marguerite Duras