Gibier de potence & Léonie est en avance
Voici notre petit cadeau de Noël : Deux pièces en un acte du grand Feydeau. De quoi venir rire et souffler un peu après ces derniers mois de confinement.
Feydeau, sur la longue route du théâtre français trouve sa place entre Molière et Ionesco. Il part de l’un et lui emprunte avec respect son sens aigu de la comédie folle et de ses personnages truculents puis ouvre la voie à l’autre dans ce que l’on appellera un peu trop rapidement le théâtre de l’absurde.
Absurde un peu malgré lui, il faut le dire. Le procédé d’écriture de Feydeau entraîne fatalement des situations à peine réalistes. Il imagine un plan de départ clair et précis, assez fin, mince, puis le retourne comme une pyramide en étalant tout ce qui peut venir contrarier son intrigue.
Feydeau démolit toute possibilité d’issue heureuse au profit de rencontres cauchemardesques où les personnages manquent de peu de tomber dans une spirale effrayante dont ils ne sortiront qu’in extremis , et non sans y laisser des plumes. Lorsque l’on sait qu’il travaillait sans plan, en improvisant sans cesse la réplique suivante, qu’il laissait se nouer des fils improbables en se disant qu’une issue finirait bien par arriver, pareille prise de risque ne pouvait que donner des chefs-d’œuvre .
Belle soirée.